Ils ont parlé de nous – Slate – 10/05/2019
Donner des droits aux animaux ne réduit pas ceux des êtres humains
Cédric Sueur — 10 mai 2019 à 13h39 — mis à jour le 10 mai 2019 à 16h35
Pourquoi nous autorisons-nous des actes sur les animaux que nous ne nous permettrions pas sur les humains?
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Un être humain grandit dans une société où il a un travail, travail pour lequel il est rétribué, respecté et au bout de quelques dizaines d’années, peut s’en acquitter pour une retraite. Lui interdire ses droits, c’est le rendre esclave. Personne ne pourra se révolter contre ceci. Pourtant dans nos sociétés, il y a des êtres qui travaillent sans avoir ni respect, ni retraite selon les théories animalistes. Ce sont parfois des chevaux de course finissant à l’abattoir, des chiens utilisés dans la recherche biomédicale puis euthanasiés. Pourquoi ces animaux, au même titre que les humains, ne pourraient-ils pas avoir une retraite?
Ces questions, des associations de protection animale telles que le Graal ou White Rabbit se les sont posées, créant la réhabilitation des animaux de laboratoire ou des animaux de course. Dans la même veine, l’avocat Steven Wise a considéré que les chimpanzés, ayant une conscience de soi similaire aux êtres humains, ne devraient plus être en cage mais bien réhabilités dans des environnements adéquats. Avec le Nonhuman Rights Project, Steven Wise se base sur les concepts présents dans l’habeas corpus –notion juridique énonçant une liberté fondamentale, celle de ne pas être emprisonné·e sans jugement– pour libérer des grands singes et même des éléphants maintenus dans de piètres conditions.
Les animalistes ne défendent pas tous et toutes une théorie des droits des animaux, pensant comme Carl Cohen or Emmanuel Kant que ces derniers ne sont pas forcément nécessaires à leur protection. Malgré cela, la théorie des droits des animaux fait son chemin, devenant de plus en plus précise quant aux particularités de chaque espèce. Ainsi, la Déclaration universelle des droits de l’animal, corédigée par la LFDA (Fondation droit animal, éthique et sciences), a été proclamée solennellement le 15 octobre 1978. Cette déclaration ne remet pas en question l’utilisation des animaux par l’être humain mais incite au respect de l’animal en fonction de la sentience [capacité d’éprouver des choses subjectivement, ndlr] reconnue par la science de l’espèce à laquelle il appartient.
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