« Maison de retraite » pour primates aux Terres de Nataé : histoire du partenariat et inauguration de la volière
Le 24 avril 2024, c’était la Journée mondiale des animaux dans les laboratoires. C’était aussi l’inauguration aux Terres de Nataé du nouvel espace de vie en extérieur créé spécialement pour les macaques crabiers.
Cet évènement part d’une rencontre entre l’association et l’équipe des Terres de Nataé, qui partagent les mêmes valeurs et la même éthique. La réalisation de cet espace est devenue réalité grâce aux dons et au mécénat.
Les macaques crabiers sont issus de l’expérimentation animale et ont été réhabilités par l’association GRAAL. Découvrez l’histoire derrière cette inauguration, racontée par Brigitte Leblanc, vétérinaire au GRAAL.
L’arrivée des macaques crabiers aux Terres de Nataé
Les macaques crabiers, encore très utilisés en expérimentation animale, sont pourtant classés comme appartenant aux espèces en danger sur la liste rouge de l’Union Internationale de la Conservation de la Nature.
En 2022, Les Terres de Nataé, parc animalier de préservation des espèces les plus menacées, et son Président fondateur Sébastien Musset, n’ont pas hésité à entamer un partenariat avec le GRAAL malgré une réouverture récente. 10 macaques crabiers sont arrivés depuis octobre 2022 : 4 femelles et 6 mâles.
Certains ont attendu longtemps leur retraite, comme Drac, né en 2003, le dernier arrivé aux Terres de Nataé et doyen de la troupe ! D’autres encore ont vécu toute leur captivité dans la solitude, sans congénère, ce qui constitue une souffrance quotidienne pour un animal social, comme l’a vécu Apollon.
Chacun a son histoire, son vécu, mais tous ont à présent trouvé un lieu de retraite agréable où ils vivent en toute sérénité.
Les Terres de Nataé
Ce grand parc animalier situé à Pont-Scorff dans le Morbihan a été créé par Maguy et Pierre Thomas en 1973. Il s’appelait alors zoo de Pont-Scorff, établissement de protection des espèces. A la mort de son créateur, le parc, plusieurs fois vendu et racheté, a accumulé les difficultés financières jusqu’à l’intervention de la justice.
En mai 2021, une nouvelle équipe menée par Sébastien Musset reprend les rênes du parc. Le zoo de Pont-Scorff devient Terres de Nataé, divinité celte de la nature et du renouveau. Ce nouveau départ est aussi synonyme d’une nouvelle motivation, celle de créer un parc uniquement destiné aux espèces en danger.
Le but : soutenir la préservation de ces espèces, avec un centre d’élevage dédié pour la réintroduction des animaux quand c’est possible. Cela s’accompagne également d’actions sur site, dans les pays d’origine des animaux en danger, afin d’essayer d’accompagner les populations locales dans la préservation de ces espèces.
Tout le parc est conçu dans un esprit de respect de la nature, de l’écologie, et surtout du bien-être des animaux pensionnaires. L’équipe assure un travail constant de sensibilisation et d’information pour les visiteurs, petits ou grands. En adaptant les hébergements au plus près des conditions naturelles de vie des différentes espèces, en offrant des espaces larges aux animaux, des moyens de se soustraire également au regard des visiteurs s’ils le désirent. Ce parc préserve leur intimité, leur bien-être, et les respecte comme il se doit.
Les Terres de Nataé ont ouvert leurs portes en juin 2022 après une restructuration complète des lieux pendant 12 mois. Les transformations et améliorations continuent sans cesse, et la fréquentation ne fait que croître. Succès bien mérité malgré les aléas comme les nombreux dégâts subis lors de la tempête Ciaran en novembre 2023, où un extraordinaire mouvement d’entraide et de bénévolat s’est créé pour porter secours au parc et à ses animaux.
Aux Terres de Nataé, les maîtres-mots sont transparence et bien-être des animaux avant tout.
La collaboration entre le GRAAL et Les Terres de Nataé
Trouver une structure pour accueillir les primates issus de laboratoire est une tâche difficile car leurs besoins, si on veut les respecter, sont spécifiques. Les frais du quotidien sont également à prendre en compte. Certes le laboratoire participe financièrement à leur entrée en retraite, mais ils ont encore le plus souvent de 10 à 20 ans à vivre. C’est pourquoi il est important de trouver une solution à long-terme.
La volière de 400 m², inaugurée sous le soleil, leur offre un vaste domaine où courir, grimper, sauter, nager (car le macaque crabier nage très bien !) et vivre entre congénères. Cette volière a un coût, bien sûr : 280 000 € dont plus de 100 000 € ont été amenés par le GRAAL, 50 000 € par un généreux sponsor, Nat&Form, et par un grand nombre de dons et de mécénat.
En attendant que des méthodes substitutives permettent l’arrêt définitif et désiré de l’expérimentation sur les animaux, d’autres primates attendent dans les laboratoires cette mise à la retraite. Faute de place, c’est peut-être l’euthanasie qui sera leur destin. C’est pourquoi un nouveau projet ambitieux, partagé par le GRAAL et Les Terres de Nataé, cherche à voir le jour : une immense volière dans les arbres, qui permettrait d’accueillir 30 ou 40 individus, et qui serait une grande première en Europe.
Le GRAAL et sa mission
« Tous les animaux ont droit à la compassion » : cette phrase est l’ADN du GRAAL, association fondée en 1997 par Marie-Françoise Lheureux. Depuis 2005, l’association s’est fait connaître en travaillant sur la retraite des animaux issus de laboratoire, leur réhabilitation. Ce 4 ème R que beaucoup aimeraient voir inscrire dans les textes sur l’utilisation des animaux en expérimentation animale, en attendant un arrêt complet de cette pratique, but déclaré par l’Europe.
Marie-Françoise Lheureux a donc conçu cette mission unique en son genre en Europe et même plus loin : organiser la retraite des animaux de laboratoire qui peuvent être « récupérés » après leur « travail ». Plus de 7500 animaux de tous poils, plumes ou écailles ont été ainsi réhabilités et vivent une seconde vie dans des foyers aimants ou des structures qui leur sont dédiées.
Le contact est pris à l’initiative du laboratoire, et le GRAAL joue le rôle d’intermédiaire entre ce dernier et les structures d’accueil. L’animal est vacciné, stérilisé le cas échéant, et surtout sociabilisé, avant son transport vers la structure qui va l’accueillir en transition ou définitivement pour sa retraite : parc animalier pour les primates et structures adaptées pour les chevaux, animaux de ferme, et enfin des refuges ou associations pour chats, chiens et NAC, qui mettent tout en œuvre pour leur trouver des adoptants.
Le GRAAL travaille ainsi avec les deux côtés de la chaîne de réhabilitation, en rapport avec les cédants et les receveurs, de façon à préserver l’anonymat du laboratoire tout en connaissant parfaitement le dossier de l’animal réhabilité, tant au niveau historique que sanitaire.
Les animaux sortent de laboratoire avec un certificat vétérinaire assurant de leur bonne santé et de l’absence de tout risque sanitaire pour les autres animaux et les humains. Au sein du GRAAL, ils sont également suivis par des vétérinaires, des éthologues, qui accompagnent les laboratoires dans le processus de sociabilisation, puis les structures qui les accueillent, afin que ces animaux s’adaptent le mieux possible à leur nouvelle vie. Il faut également noter que les laboratoires participent financièrement au processus de retraite et aux frais engendrés.
Nous devons beaucoup à ces animaux, nous leur devons bien de les soigner pendant leur retraite, de la meilleure façon possible. Alors, si cette belle action vous touche, contactez le GRAAL et Les terres de Nataé, allez voir ces magnifiques animaux, apportez votre pierre à ce formidable projet. Ketua, Malili, Mata, Manchu, Apollon, Madame, Nevia, Tilde, Carrie, Drac, ainsi que tous les animaux réhabilités, vous en remercient.
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